Je viens de traverser cette semaine de la même façon que l'on traverse un long désert aride. La bouche sèche, le soleil de plomb qui rend difficile chaque mouvement, les nuits froides et opaques qui nous font sentir seuls au monde.
Un désert aride que seul le sommeil a pu vaincre. J'ai dormi, la nuit, le jour; j'ai dormi tant que j'ai pu, incapable du moindre mouvement. Le corps endolori, l'incapacité d'entreprendre quelque action ce soit, je me suis réfugiée dans mon lit en attendant que l'orage passe. J'ai voulu pleurer, mais rien n'est sorti. Alors j'ai dormi.
Le problème, c'est que, tout d'un coup, j'ai regardé devant moi. Il ne faut pas que je regarde devant moi. Quand je le fais, je ne vois pas d'issue, je me sens prise à la gorge. Financièrement, affectivement, professionnellement, toute le kit. Je me suis sentie seule, impuissante. Seule avec mon désespoir et cette douleur lancinante de savoir que je venais de m'embarquer dans une relation qui m'apporterait beaucoup d'incertitude, d'attente et d'angoisse (fucking équation A). En échange de quelques courts moments dans ses bras.
J'aurais dû prévoir le coup. J'ai pensé que j'étais plus forte, maintenant. Il faudrait quand même qu'il y ait un avantage à la trentaine: la sagesse. Mais je me suis trompée. Dès que je passe la nuit dans les bras d'un homme, j'ai mal les jours qui suivent. J'attends de ses nouvelles. J'attends, je rumine, je m'énerve, je me dis qu'il ne me redonnera pas de nouvelles, que je ne vaux rien, que je ne suis pas assez intéressante pour le retenir près de moi. Et puis je me fâche contre lui, je me dis qu'il est comme les autres (un pur salaud), alors que je le croyais différent, qu'il est comme les autres et que probablement il ne pense déjà plus à moi.
Je ne fais pas partie de sa vie. Je ne serai pour lui jamais autre chose qu'un divertissement occasionnel. Il me réserve ses journées vides, quand il n'a personne à voir. Vous savez, ces journées vides remplies de la seule certitude qu'on ne rencontrera personne. Celles-là, il veut bien les passer avec moi.
Et puis, à la force, je finis par me détester d'accorder autant d'importance à ce dont lui se fout éperdument, à savoir nous deux, ensemble. Mes pensées, ma vie entière, sont tendues vers cet unique et éphémère moment de rencontre, friable comme du papier parchemin trop usé, si fugitif qu'il en devient irréel. Je n'existe qu'à travers ces courts moments qui m'échappent de la même façon que le sable coule entre les doigts de la main lorsqu'on tente de le saisir.
Je n'existe qu'à travers des songes. Et le reste du temps, je rêve de ces songes. Aussi bien dire que mon existence ne repose que sur du vide, ou du moins sur un plancher de verre mince sous lequel s'étend un gouffre insondable.
Et je m'en veux chaque fois. Je voudrais être différente, être une autre.
J'aurai beau tout détruire autour de moi, casser toutes les assiettes de mes armoires, crier à tue-tête jusqu'à en perdre la voix; j'aurai beau courir jusqu'à ne plus sentir mes jambe, pleurer jusqu'à la nausée; le problème est que je serai toujours prise avec moi-même, "pognée" à souffrir à chacune de mes aventures. Je ne pourrai pas sortir de moi, prendre un break, me mettre de côté...
Je m'énerve moi-même.
Je suis censée le voir ce week-end, mais ma peur est si grande que je me demande si je ne devrais pas arrêter ça là.
Tu n'es pas "pognée" à souffrir. Ce n'est pas là un passage obligé. Il faut apprendre bien sûr. L'apprentissage peut être long. Mais ça le vaut.
RépondreSupprimerL'homme est né pour vivre dans les convulsions de l'inquiétude ou dans la léthargie de l'ennui. (Voltaire)
RépondreSupprimerJe sais bien. Tu as raison... Depuis toujours, j'essaie d'y arriver, et quand je pense que ça y est, non, ça ne l'est pas, ça me décourage, et c'est là que je me sens prise avec moi-même... mais je persévère. C'est quoi le truc ??? Il doit bien y avoir un truc :)
RépondreSupprimerMimi, quelle belle citation ! Merci, merci ! Un bon résumé de A et B... c'est bien là la nature inconciliable de l'homme... Ou bien on s'inquiète, ou bien on s'emmerde.
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