mardi 26 juin 2012

L'histoire sans fin d'un amour imaginaire - Partie 3 : L'anniversaire

Je vous avais dit que j'allais poursuivre cette fameuse histoire de Monsieur Z, mon amour imaginaire.

Quand je suis revenue de voyage, Monsieur Z m'a invitée à sa soirée d'anniversaire. C'était à la fin mars. Après avoir dansé jusqu'à la fermeture des bars, nous nous sommes retrouvés, seul à seule, dans sa chambre, à discuter de littérature. Nous étions assis sur son lit. Il m'a fait lire un poème de Verlaine. Je ne sais pas comment j'ai fait pour me maîtriser, mais bien qu'il m'ait invitée à dormir chez lui, je suis partie chez moi, dans le froid polaire de ce mois de mars.

Deux jours plus tard, j'ai provoqué la rupture entre mon ex (Monsieur M) et moi. J'ai compris que, pour me laisser aller dans la puissance d'un tel désir qui se développait dans une relation purement imaginaire, il fallait que je sois bien malheureuse dans ma relation réelle avec Monsieur M.

S'en sont suivis deux mois pénibles d'attente et de remises en question, que j'ai pratiquement passés au lit, incapable de quoi que ce soit d'autre. Entre l'insomnie et les crises d'angoisse à répétition, le désespoir a fini par avoir raison de moi, et j'ai bien cru que je n'allais jamais en émerger. Je n'arrivais même plus à m'accrocher à mon amour imaginaire pour rester à la surface; de toute façon, je ne faisais qu'attendre sans avoir de nouvelles. Il fallait que je passe à l'action, mais j'étais beaucoup trop fragile et vulnérable pour prendre le risque de me dévoiler.

Quoi qu'il en soit, cette soirée d'anniversaire, qui avait eu lieu dès mon retour de voyage, a été très révélatrice pour moi. Voici la lettre que j'avais écrite à Monsieur Z le lendemain de cette soirée (sans jamais la lui envoyer bien sûr) :

J’attends que ça passe, mais ça ne passe pas. Au contraire, ça s’amplifie.

Est-ce que tu le fais exprès ?

Ce que tu me fais, c’est cruel.

Je n’aurais pas dû danser avec toi, sentir ton corps si près du mien, si près. Je sens encore dans mon dos la chaleur de ta main, sur ma joue la caresse de la tienne. Sur mon corps la présence possible du tien. J’aurais voulu déposer ma main dans ton cou et te rapprocher de moi, encore plus, te sentir encore plus, juste te sentir.

Je ne sais pas si tu le fais exprès, mais moi, je souffre, et je n’en peux plus de te désirer autant.

D’avoir l’impression que tu m’envoies des signes, ambigus, si ténus que je n’ose pas les interpréter dans un sens qui me serait favorable.

C’est si dangereux, d’être dans ta chambre, avec toi. De m’avoir fait lire ce poème de Verlaine :

Green

Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête.
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

Pourquoi m’avoir fait lire ça ? Peut-on donner à lire ce poème à une fille assise sur son lit à 4 heures du matin tout en restant parfaitement indifférent à elle ? Est-ce seulement possible ? Si oui, c’est d’une cruauté innommable, et alors je ne te le pardonnerai pas. Tu joues avec le feu, ou tu es naïf.

Je suis confuse. Je voudrais que tu me le dises. Je. Te. Veux.

Je  voudrais que ce soit vrai.

Pourquoi m’avoir demandé de rester à dormir ? Pure formule de politesse, j’imagine. Mais sache que, moi, je n’aurais pas pu dormir dans ton lit, ni dans ton salon; je n’aurais pas su t’avoir si près de moi sans tenter l’impossible.

Je n’aurais pas su, sagement, garder mes distances.

C’était dangereux.

J’aurais tellement voulu me perdre dans l’irréalité de ce moment. Me laisser porter par la douceur de ta présence, t’embrasser, te caresser. Te dire à quel point je te désire.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire