mardi 31 juillet 2012

Les aventures de deux trentenaires célibataires à Burlington - Partie I : Le camping de la désolation

Je m'étais dit que j'avais besoin d'aventure. Vous savez, aventure comme dans partir en backpacking ? Bon, pas très loin, pas très longtemps, d'accord. Mais le backpacking, contrairement au voyage planifié, avec hôtel réservé, trajet tracé et voiture remplie à ras bord de bagages pour être certain de ne manquer de rien, permet de déconnecter complètement, de sortir de la réalité, de vivre le quotidien autrement en nous ramenant à des besoins de base, comme trouver une endroit où dormir, faire à manger et faire du feu.

Jamais je ne m'étais sentie aussi heureuse que la fois où, à 23 ans, j'étais partie trois mois en France et en Espagne avec ma tente, à errer entre la Bretagne, la Corse et Séville, à dormir dans les trains et à aller où me portaient mes humeurs. Ma vie se résumait à cela : partir, prendre un train, trouver un terrain de camping, manger, visiter des lieux, ou plutôt vivre des lieux. Dans cette vie, il n'y a pas d'avenir, pas de passé; le présent est l'unique façon d'exister. On se sent jeune, on se sent libre, on sent que tout est possible.

J'avais réitéré l'expérience à 25 ans (moins longtemps, deux semaines) pour traverser l'Ouest canadien avec Monsieur M. C'était comme un voyage de noces. On faisait du stop, on dormait dans les cars, et le temps n'existait plus.

Aujourd'hui, je n'ai plus vraiment l'occasion de partir comme ça. À 31 ans, les choses changent. Déjà, on se sent moins forts pour transporter un sac de 20 kilos sur notre dos. Et puis la vie nous amène à faire des choix, comme se poser, structurer sa vie, payer ses dettes d'études, avoir un emploi et le garder, mettre de l'argent de côté. Tout cela finit par sembler plus important que l'errance, parce qu'on se voit vieillir, et on veut être autonomes. Mais voilà, cette époque d'insouciance et d'aventure me manque, me rend parfois nostalgique.

Bref, j'ai eu envie d'aventure, ce qui est toujours une bonne thérapie contre l'engourdissement cérébral et physique.

Ça tombait bien, parce que justement mon amie S. m'a demandé si j'avais envie de partir avec elle en camping à Burlington. Que oui. Et quelle aventure ce fut.

Et donc on a paqueté nos bagages et on a sauté dans un car qui nous amenait directement à Burlington.

Se retrouver perdues dans une ville qu'on ne connaît pas. Demander notre chemin. Chercher le bon autobus qui nous amène au bon camping. Susciter le regard des passants. Parfois de beaux passants, nous renvoyant des regards complices; deux filles qui voyagent avec un sac aussi gros qu'elles sur le dos, ça attire l'oeil et l'admiration. Et la sympathie des gens.

Comme les lois de l'aventure l'exigent, le camping dans lequel nous voulions passer notre séjour était plein. Oh, je vous rassure : j'avais appelé et écrit avant de partir, mais je n'ai jamais eu de réponse. Je n'ai jamais pu réserver, mais on s'était dit que la chance serait de notre côté. Elle ne l'a pas été. Soit.

On s'est alors retrouvées dans le pire camping que j'aie vu de ma vie. Sans blague. Très loin de Burlington en plus. Impossible de s'y rendre à pied ou même en vélo ou en bus. C'est un taxi qui nous y a menées, et ça a coûté cher. On était prises là. Pas d'autre choix possible, et puis la fatigue commençait à nous gagner.

Un camping tout moche, du type "parking à roulottes", dont la clientèle se caractérise par un manque de goût flagrant tant dans choix de la déco de sa roulotte que dans sa façon d'interpréter le savoir-vivre. À l'accueil, dans une espèce de cabane en bois compressé qui puait le vieux pipi, un rouquin nous a accueillies de son regard terne et empreint d'une indifférence profonde pour la vie en général.

Les toilettes étaient dégueulasses. D'une propreté plus que douteuse. Il n'y avait pas de savon et le sèche-mains ne fonctionnait pas. Je n'ai même pas pris de douche. J'ai préféré rester dans mon odeur de swing. La plage mentionnée dans le dépliant en tant qu'un atout du site s'est révélée un carré de boue de six mètres carrés dans lequel barbotaient quelques enfants. Pas de village près; pas de magasins. De l'atmosphère du camping se dégageaient des notes de désespoir, de pauvreté, comme celles qui émanent d'un lieu où on n'est que de passage, où on arrive tard la nuit et d'où on repart tôt le matin, comme ces motels vétustes et tristes qui jonchent le bord des autoroutes.

On s'est senties abattues, mais à la fois euphoriques. On a tellement ri qu'on a fini par pleurer. Ou on a tellement pleuré qu'on a fini par rire. Je ne sais plus très bien dans quel ordre.

Bonne nouvelle, il y avait une piscine, et notre emplacement pour la tente était tout de même acceptable. On a découvert un quai où on a fini l'après-midi les pieds dans le lac Champlain. On a trouvé du bois pour faire du feu. On a préparé notre souper avec le petit réchaud de S. On a bu beaucoup de vin et on a parlé longtemps en contemplant les flammes. Le bonheur se trouve parfois dans des gestes très élémentaires. Notre joie et notre excitation en allumant le réchaud vous sembleraient probablement incompréhensibles et pathétiques. Notre fascination devant un gâteau au fromage lyophilisé qui prend forme grâce à un peu d'eau pourrait paraître ridicule de l'extérieur, mais quand on le vit, on se sent comme un enfant qui découvre pour la première fois un Jolly Jumper.

Le lendemain, on a repaqueté nos affaires et on a sacré notre camp - oui, l'expression est choisie, car nous ne sommes pas parties, mais nous avons bel et bien sacré notre camp, ce qui est différent - pour un monde meilleur qui ne sent pas le pipi et où les gens ne sont pas ternes.

La suite de nos aventures dans un prochain billet.

mercredi 25 juillet 2012

Défectuosité

Voilà presque une semaine que j'ai mis un terme à cette relation passionnée que j'entretenais avec Monsieur Z. J'ai pris le temps de réfléchir à ce qui s'est passé... mais je ne comprends toujours pas.

Déjà, je m'étais mis en tête que, pendant ses vacances, il aurait voulu passer du temps avec moi. J'ai cru, fermement et naïvement, qu'il en aurait profité pour faire avec moi certaines activités dont je lui avais beaucoup parlé, telles que faire du vélo au bord du Canal Lachine, aller voir les lotus en fleur au Jardin Botanique, pique-niquer au parc Maisonneuve, visiter Hochelaga et ses trésors cachés. Je me suis pris une claque au visage quand j'ai su qu'il s'était pris un billet d'avion pour aller retrouver son ex.

Il m'a dit : "Ne t'inquiète pas". "On se voit à mon retour". "Tu es belle." "Je suis bien avec toi." "Je veux que tu sois heureuse."

Il m'a embrassée passionnément, affectueusement, et j'ai alors pensé qu'il y avait peut-être quelque chose en plus, un petit truc qui était en train de resserrer de notre relation, de l'amener au-delà du simple "on baise et on se donne des nouvelles, on garde contact", j'ai senti de l'attachement...

Toute la semaine, j'ai pensé à lui. J'avais hâte de le revoir. Après, il avait une autre semaine de vacances. Probablement que pour celle-là, il avait prévu au moins une journée avec moi (que j'ai pensé, dans ma tête tourmentée d'incorrigible romantique-névrosée-obsessive-passionnée-intense). Le lundi de son retour, j'ai même cherché les vols et essayé de voir dans quel avion il aurait pu être. J'ai commencé à penser, à ce moment-là exactement, que la névrose était en train de s'emparer de moi au-delà du raisonnable.

Le lendemain, pas de nouvelles. Le surlendemain, pas de nouvelles. Normal, il faut bien qu'il prenne le temps de revenir (que j'essayais de me convaincre). J'ai fait beaucoup de vélo pour passer le temps. Je suis allée loin; au parc de la Visitation, à Verdun, au bord du fleuve, j'ai fait des aller-retour sans m'arrêter, en pleine chaleur, à peine 5 minutes pour boire. J'ai pédalé fort, en pleurant, en pleurant de découvrir qu'il n'avait pas aussi hâte que moi de me voir. En pleurant d'être aussi tendue dans mon attente angoissée, impuissante, sans que je sois capable d'en sortir, paralysée par la possibilité de le revoir bientôt, par cette éventualité imaginaire qui, de minute en minute, ne se concrétisait pas.

Je m'étais fait de stupides attentes. Erreur suprême.

Je lui ai écrit. Jeudi, on se fait le Canal Lachine à vélo. Réponse : désolé, j'ai autre chose.

Je lui récris : vendredi alors, je te fais un souper, avec un dessert, je fais tout, tu fais rien, je donne tout, tu donnes rien. Réponse le vendredi après-midi : j'ai autre chose. La semaine prochaine, peut-être?

Ça faisait déjà deux semaines que je vivais dans l'attente angoissée, dans l'espoir de le revoir, dans la fébrilité, l'anxiété, la nervosité... j'ai craqué. C'était plus que mon corps et mon esprit pouvaient en prendre. Trop. La goutte qui fait déborder l'hostie de vase de boue. Attendre une autre semaine. Sans même qu'il cherche un moment plus proche pour me voir. Avec, entre les lignes, cette sorte d'indifférence, cette froide distance. Ça a été trop. J'ai craqué.

Je l'ai appelé. J'aurais aimé ça te voir bien avant. La semaine prochaine, c'est loin. Réponse : Ne le prends pas personnellement. Je n'ai donné de nouvelles à personne. Moi : Oui, mais quand même, je m'attendais à plus, tu m'as dit qu'on allait se voir à ton retour, pas deux semaines après ton retour, tu avais l'air attaché, J'ai pensé qu'il y avait plus que rien. Lui : Il y a plus que rien, mais il y a moins que plus. Je suis désolé, les autres filles savent s'en contenter. Moi : mais je ne suis pas les autres filles. Je suis moi. Et cela ne me convient pas. Tu me donnes quelque chose d'exceptionnel, tu es si tendre, si doux, et ensuite je n'ai plus de nouvelles, tu sembles m'éviter, tu es froid. C'est ambigu. Je n'ai pas envie de miettes. Je suis une passionnée, il faut que je consomme jusqu'au bout. C'est tout, ou sinon je préfère rien. Lui : Je n'ai pas voulu te blesser. Je t'avais dit que je ne voulais pas de relation sérieuse. Moi : Eh bien pour moi, "non sérieux" ne signifie pas nécessairement fuckfriends, à l'occasion, quand ça t'adonne. J'ai besoin de consommer jusqu'au bout ce désir pour toi, même si ça ne dure que deux mois. J'ai besoin que tu aies envie de me voir. Ça ne me convient pas. Je préfère qu'on cesse cette relation. Lui : C'est peut-être mieux comme ça. On va continuer à se voir quand même ? Moi : Non. Je dois prendre du recul. Lui : C'est dommage.

Oui, c'est dommage, mais je pense que c'était le mieux que je puisse faire pour garder en état mon équilibre mental.

Pourtant, je regrette un peu. Ce Monsieur Z me donnait quelque chose que je n'ai jamais trouvé chez un homme. Il était spécial pour moi. Il était extraordinaire.

On dirait que tout est de ma faute. Que je me prive d'une chose, d'un rêve, d,un bonheur à cause d'un handicap émotionnel. Je suis trop gourmande. Trop romantique. Trop intense. Trop toute. Je me donne jusqu'au bout. Je me donne même lorsque je n'ai plus rien à donner. Je donne même quand je ne reçois rien. Je donne jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de moi. Je me vide de ma substance, et quand il ne reste que ma peau, je n'ai plus qu'à m'étendre à terre pour servir de carpette.

C'est dans ce schéma que j'allais tomber. J'ai mis un frein avant de me détruire complètement. Avant d'être réduite en une boue abjecte et de devoir me reconstruire de A à Z. Encore et encore.

Je suis fière, parce que j'ai vu le désastre arriver, et je n'ai pas laissé faire. J'ai été forte. Je me suis  respectée.

Mais je m'en veux, je me déteste, je hais cette défectuosité, cette fragilité, cette vulnérabilité, ancrée profondément en moi, qui m'empêche de vivre ce qui aurait pu être un moment inoubliable avec Monsieur Z. Je préfère n'avoir rien que des miettes.

Je me sens déjà plus légère. J'essaie de remplir ma vie de toutes les façons possibles. J'essaie de l'oublier.

J'essaie de trouver les ressources qui feront de moi une amoureuse, une maîtresse, une romantique plus forte.

vendredi 20 juillet 2012

Fini

Eh bien voilà, c'est terminé avec Monsieur Z. Je n'en pouvais plus de le voir si peu souvent. D'être dans l'attente, l'incertitude. Ça me fait beaucoup trop souffrir. Ce n'est pas fait pour moi, ce genre de relations.

Je m'en veux tellement. Parce que je sais que je me prive de quelque chose d'extraordinaire.

Il a fallu que je mette un terme à cette souffrance.

lundi 16 juillet 2012

Soyons légers, c'est l'été

Ce soir, je pourrais écrire un long billet mélancolique, exprimer ma douleur de me languir de lui, qui n'a pas donné de nouvelles depuis son départ, qui je sais est revenu à Montréal, dont je vais attendre un message toute la semaine, lui qui me laisse dans l'attente, et moi qui accours au premier signe de lui. Je pourrais me perdre dans la description de ma dépassion, de mon sentiment d'être vidée de toute passion, d'être dissipée, de ne plus savoir où aller. Mais j'ai peur de t'emmerder, cher lecteur au singulier, car c'est l'été, et l'été, c'est fait pour les frivolités.
J'ai donc décidé d'écrire sur les péripéties aussi surprenantes qu'insignifiantes qui remplissent ma vie depuis une semaine.

La semaine dernière, j'ai eu un accident de voiture. Une copine et moi, on s'en allait gaiement, cheveux et jupe au vent, vers une destination de villégiature excitante, Saint-Hilaire. On s'était mises toutes belles pour l'occasion. Mais notre périple a pris fin à peine sorties de Montréal. On roulait sur l'autoroute, discutant de choses impertinentes, consultant le GPS, regardant nerveusement si on avait pris la bonne sortie, et puis un cri, un gros pick-up, un son aigu de freins, l'odeur du caoutchouc brûlé, le pick-up qui s'approchait trop vite, nous qui arrivions trop vite sur le pick-up et BANG ! Dans le cul du pick-up.

J'ai eu peur. Je voyais le gros derrière de ce pick-up, et je savais qu'on allait direct dedans. Je me suis dit : on va rentrer dedans, et je ne sais pas ce que ça va faire, mais on va rentrer dedans. Je n'ai pas vu ma vie défiler, je n'ai pas eu une dernière pensée pour Monsieur Z, je n'ai pas prié, j'ai juste pensé à ce que ça allait faire quand on allait rentrer dans le cul du pick-up à 90 km à l'heure. Je n'ai même pas crié, ni sacré; j'allais silencieusement vers ma destinée.

Après le choc, je me suis assurée que j'étais encore en vie. Ensuite, je me suis assurée que je n'étais pas blessée. Miracle : on avait survécu au choc, ça avait cogné fort, mes lunettes sont parties en ligne droite dans le pare-brise. Mes premières paroles ont été pour mon amie : "Es-tu correcte?" Mes deuxièmes paroles ont été : "Hostie, il me faut de l'alcool, de l'alcool et vite!" J'étais tendue dans le cou et dans le dos... fallait y remédier.

Bon, l'après-midi était mort, mais la soirée était jeune. Après un joyeux tour de towing (la voiture était scrap), on a décidé de fêter notre survie en allant manger au Petit Alep, un des meilleurs restos de Montréal, à mon sens à moi. Parlant de sens, les miens étaient complètement exacerbés par le choc. C'est comme si mes sens aussi avaient envie de fêter le fait qu'ils sentaient encore. J'étais euphorique et assaillie par l'envie intense de baiser. De baiser pour me sentir encore plus en vie. Ce soir-là, tous les mecs étaient beaux. Bon. À défaut de baiser, j'ai mangé. Je me suis régalée, au-delà du raisonnable je dois dire, des délicieux mets d'Alep. Ce fut une soirée mémorable.

Les moments qui suivent la peur de mourir sont toujours inoubliables. Ils revêtent un sens qu'ils n'auraient pas eu autrement.

Le lendemain, pour fuir la canicule qui allait s'installer sur Montréal, je suis partie me réfugier dans la campagne des Cantons de l'Est, chez ma mère. On est allées au spa. Un après-midi complet, j'ai trempé dans l'eau chaude, dans l'eau froide, et j'ai dormi sur de gros coussins au soleil. J'ai oublié le temps qui passait. J'ai l'oublié, lui. J'ai oublié que j'avais mal. J'ai juste senti mon corps qui se ramollissait.

Samedi, la chaleur était si intense qu'il était impossible de traverser cette journée sans la passer dans l'eau ou à l'air climatisé. N'ayant ni un ni l'autre, j'ai opté pour m'incruster dans le camping à côté de chez ma mère, histoire de profiter de leur lac et de leur piscine. Il y avait un beach party, mais qu'à ne cela ne tienne, j'étais prête à endurer n'importe quoi quitte à avoir mon cul dans l'eau. Ainsi, toute la journée, je me suis tapé une chiée de tounes poches, de ces tounes dont on a honte juste à les entendre.

Voici quelques exemples de ce que j'entends par tounes poches :

Ça
Ça
Et ça


Et le tout, mes amis, entourée de purs douchebags trentenaires qui, auprès de leurs enfants et de leur femme, sirotaient une bière de piètre qualité directement sortie du cooler, ressortant fièrement leur grosse bedaine d'hommes qui boivent de la bière (parce que c'est tellement viril de boire une bière en bedaine, encore plus si elle est grosse), souriant béatement, pour ne pas dire bêtement, au bonheur de la vie simple, vous savez la vie simple, quand le bonheur réside dans les petites choses de la vie telles que boire une bonne Bud pas très fraîche sur le bord d'un lac artificiel trop chaud et plein d'algues et de pipi en compagnie de kids et meuf, les lunettes de soleil de marque sur le nez en regardant la seule jolie fille allongée sur la plage, à savoir : moi.

Et je vous parle pas de la nécessaire et inévitable lifeguard cuty aux cheveux blonds et au teint bronzé qui se pavane avec sa bouée inutile, bombant généreusement le torse, la confiance en soi dans le tapis et heureuse de faire bander les mecs sur son passage.

Bref, que des clichés que j'ai observés. Pourvu que j'étais dans l'eau, tout cela prenait une tournure très romanesque.

Me voilà donc de retour dans mon inertie montréalaise. De retour dans mon marasme. De retour devant mon ordi, à guetter fébrilement ma boîte de déception. À attendre, encore et encore, de ses nouvelles.

Lecture d'été

Je suis en train de lire Martine Delvaux, Les cascadeurs de l'amour n'ont pas droit au doublage.

Je me suis dit que me plonger dans l'histoire douloureuse d'une rupture amoureuse allait peut-être m'aider à exorciser ma propre douleur, m'aider à me sentir moins seule dans ma façon de vivre l'amour.

Je suis tombée sur ce magnifique passage, dans lequel je me suis immédiatement reconnue :

Qu'on me fasse une transplantation cardiaque. Qu'on couse, à la place du mien, le coeur de quelqu'un qui ne souffre pas, un coeur dessiné d'un seul trait, un coeur calme et bien élevé, un coeur adapté à la vie familiale, un coeur qui conduit les enfants à l'école au parc au lit, qui fait les courses le ménage les repas, qui travaille en se disant que la vie est dans le bonheur des autres, les emplois du temps bien ordonnés, les pas bien agencés. Un coeur un peu naïf, un peu léthargique, un coeur qui sait ce qu'il a et qui l'apprécie, un coeur qui bat au rythme d'une vie sans heurts.

dimanche 8 juillet 2012

Les ex

Je n'ai qu'une chose à dire aujourd'hui : les hostie d'ex.

Pas les miens. Les miens se tiennent tranquilles. Les siennes, je veux dire. LA sienne.

Les ex, elles sont menaçantes, même si tu ne les a jamais vues. Parce qu'elles sont là, en background du gars dont t'essaies de t'approcher, que t'essaies de connaître, de mieux saisir. Elles sont là, à s'accrocher dans son aura. Dans ses pensées. Quelque part au fond de son coeur.

Elle est là, dans notre tête, et on l'entend nous dire : moi je l'ai eu. Il a été amoureux de moi, il m'a tout donné. Pas toi. Moi, oui.

Il est parti la rejoindre. De toutes les villes du monde où il aurait pu passer ses vacances, il a choisi celle où elle vit. Pour la revoir. Des années plus tard. Peut-être pour vérifier quelque chose.

En attendant, moi, je vais rester à Montréal, à me poser l'unique question : qu'est-ce qu'il fait en ce moment, là-bas? Est-il dans ses bras ? Et cette deuxième unique question : quelque chose aura-t-il changé lorsqu'il reviendra ? Notre nuit ensemble vendredi, était-elle la dernière ?


mardi 3 juillet 2012

La nuit de la fête du Canada

Pendant que quelques personnes agitaient leur petit drapeau du Canada, dimanche, moi j'étais en train de vivre une journée que je ne suis pas prête à oublier.

La semaine dernière, j'avais passé une si mauvaise semaine que je pense que mon humeur morose rayonnait à des kilomètres à la ronde. Enfin, ce que je veux dire, c'est que, ma face étant un livre ouvert, je m'imagine bien que c'était palpable dès qu'on me parlait.

J'avais rendez-vous avec Monsieur Z pour aller voir le match de foot Italie-Espagne, où d'ailleurs les Italiens ont subi une défaite écrasante, presque humiliante. Quelques secondes avant d'arriver à notre point de rencontre, j'ai eu envie de virer de bord. J'avais peur, encore, peur de lui, de moi, peur de ne pas être la hauteur, de commettre une erreur.

Et puis quand je l'ai vu qui m'attendait, si beau là adossé au mur, je n'ai pas pu résister. Sur une échelle de 1 à ce que vous voudrez, l'attraction a été plus élevée que la peur.

Ainsi, au fur et à mesure que les Italiens se faisaient sauvagement écraser par les Espagnols, un sentiment d'apaisement transformait mon humeur peu à peu. Non pas que je me réjouisse pour les Espagnols; d'abord, le foot, je m'en fous un peu, et puis by the way, moi, je prenais pour l'Italie, histoire de créer un peu d'adversité entre moi et mon sexy compagnon. (La rivalité, ça attise le désir, suffit de lire n'importe quel Harlequin pour y croire. Ceci dit, je ne lis jamais de Harlequin, je préfère le souligner.)

Finalement, j'ai passé une magnifique soirée avec lui, à me balader dans les rues de Montréal, à descendre la rue Saint-Laurent, bloquée par les Espagnols en liesse, à écouter les tam-tam et à flâner au Festival de Jazz. Une nuit d'été montréalaise, de celles qu'on n'oublie jamais, de celles qui nous reviennent en mémoire chaque année et qui finissent par former la définition de ce qu'on entend par "nuit d'été montréalaise" : la ride en vélo dans les rues désertés et silencieuses, la terrasse bondée du Saint-Sulpice, les soirées complètement déjantées qui finissent au levé du soleil, l'odeur des fleurs, l'insouciance généralisée, et j'en passe. Et maintenant, Lui.

J'étais si bien, avec lui, que je pense que mon bien-être rayonnait à des kilomètres à la ronde. Ce que je veux dire, c'est que dans le livre ouvert qu'est ma face, le bonheur devait être palpable, car tout le monde me souriait en me croisant.

Je me suis endormie, confortablement lovée dans ses bras, bien après que le soleil s'est levé.

Cette semaine, j'ai décidé que n'allais pas me laisser sombrer. Je sens un regain d'énergie. Je vais sortir, voir des gens, travailler, manger; bref, je vais essayer de ranimer ma vie, laissée en plan depuis des semaines. Je le sens bien.