lundi 13 août 2012

Vagabondage

Doux balancement du métro.

Musique dans les oreilles.

Mon esprit vagabonde. Les gens autour de moi s'évaporent dans les limites diffuses de ma conscience.

Plus loin, debout, un jeune homme.

Beau. Blond. Aux cheveux longs. Aux lunettes rondes.

Mes yeux le détaillent. Je le trouve séduisant. Il a de belles mains. Une belle bouche.

Je pense que ce serait mon type d'homme. Un côté intello, assaisonné d'un caractère sportif-nature. Le genre de gars qui t'emmène marcher en forêt, avec qui tu passes de belles soirées en camping, avec qui tu peux discuter de tout, approfondir les sujets, mais toujours avec légèreté, simplicité et humour. Le genre de gars amoureux, affectueux, sans être mielleux.

Ensemble, on serait bien. Je serais comblée. Je me vois, sourire aux lèvres, à ses côtés. Et on aura des enfants, bien sûr. On en aura trois, en tout. Je suis sa femme, je le rends heureux. On prend beaucoup de plaisir à recevoir nos nombreux amis, parce que lui, son plaisir, c'est de donner et de faire plaisir aux gens qu'il aime. Il rit beaucoup. Il rit tout le temps. Son rire est apaisant. De ses yeux jaillit en permanence l'étincelle de ceux qui dévorent la vie à pleines dents. Il me communique son bonheur. Il me regarde souvent avec complicité, de son sourire contagieux. Nos enfants grandissent, leurs boucles blondes finissent par prendre une teinte plus châtaine.

Il m'aime et m'admire.

Une vie de bonheur s'écoule.

Sentant mon regard persistant sur lui, il se retourne, me voit, me fait un semi-sourire pincé tout en haussant les sourcils, l'air de me dire : "Tu veux ma photo?" ou peut-être bien : "Je te plais ? C'est ça ?"

Et il sort à la station suivante.

Je secoue ma tête; je me ressaisis. Les gens autour de moi commencent à regagner progressivement le champ de ma conscience. La réalité se réinstalle crûment, avec ses néons, le bruit des portes qui s'ouvrent et se referment, le son du train sur les rails, les visages abrutis et indolents des gens qui attendent de descendre.

Je suis rendue à destination. Je me lève, je sors, le pas léger, le regard brillant, le visage lumineux, esquissant le sourire de celles qui viennent de passer une nuit avec leur amant.

Entre les stations Frontenac et Berri-UQAM, j'ai vécu une longue et poignante histoire d'amour. 

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