mercredi 24 octobre 2012

Un samedi étonnant

C'était le genre de soirée où on se rend avec l'idée d'aller y faire un tour, de prendre un verre, ou deux si on se sent fou, et de repartir tôt pour être en forme le lendemain, même si on n'a rien de prévu.

C'était le genre de soirée où on va en espérant qu'on trouvera quelque chose à dire à quelqu'un, parce que si c'était de nous, on serait resté scotché devant les programmes insipides et ennuyeux du samedi soir à la télé. Envie de vouèr parsonne.

Le genre de soirée où on ne connaît personne, et où personne ne se connaît; le genre de soirée qui peut dangereusement virer en un flop épique. Fifty-fifty. Un risque à prendre.

C'était chez mon ex et ses colocs (mon ex et moi, on est restés bons potes).

Le genre de soirée où tu t'attends à rien et où il se passe tout.

D'un coloc explosif complètement délirant qui aimait tout le monde et répandait son amour, jusqu' à mon amie Miss J, habituellement très sage, qui a bu au point de me dévoiler son côté «givré» que je ne lui connaissait guère auparavant; et, mieux, jusqu'à mon autre amie, Miss M, célibataire depuis 3 ans et qui n'a touché aucun homme depuis, qui s'est retrouvée à frencher un magnifique Colombien à l'accent craquant, sept ans plus jeune qu'elle.

Et moi ?

Moi, je devais me faire discrète, présence de l'ex oblige. C'était difficile, avec tout ce beau monde autour de moi.

J'avais pourtant une envie irrépressible de draguer. De me sentir désirée par quelqu'un...

J'étais profondément déçue de ne pas avoir eu de nouvelles de ma date de l'autre samedi d'avant. Vous savez, celui qui a mis une semaine à me rappeler, après que je lui ai donné mon courriel...

On avait pourtant passé une belle soirée. On n'a pas vu le temps passer. Il m'avait invitée à prendre un verre chez lui. Il m'a dit qu'il avait aimé sa soirée avec moi. On s'entendait bien. Je sentais que c'était un bon gars.

J'aurais voulu rester dormir chez lui. Avec lui. Je le trouvais beau, sexé, attirant, intelligent...

Je m'étais retenue de lui sauter dessus, pour faire les choses dans les règles de l'art. Ne pas me donner tout de suite. Laisser durer le plaisir. J'étais repartie, seule, à 4 h 30 du matin, sous la pluie battante.

Avoir su que je serais finalement restée sans nouvelles de lui, je ne me serais pas privée de ce beau corps. J'aurais eu au moins ça.

Mais non. Même pas de nouvelles. Je ne comprends pas. Il ne répond pas à mon courriel. Criss.

Retournons au sujet qui nous préoccupe.

Et donc, samedi soir, dans les vapeurs de l'ivresse, emportée par le momentum de la soirée, et par ma rage du rejet masculin, je me suis mise à faire de l'oeil, discrètement, à un beau monsieur, qui semblait lui aussi apprécier ma présence inattendue dans ce party d'inconnus.

Je voulais juste son numéro de téléphone. Le cruiser un peu, et repartir chez moi avec l'espoir de le revoir. Repartir chez moi avec l'image de quelqu'un à qui rêver. Ça m'aide toujours à m'endormir. S'accrocher à l'espoir d'une rencontre plutôt qu'au désespoir du pas de nouvelles.

Je voulais juste son numéro, mais je l'ai eu, lui, dans mon lit. Je n'ai rien vu venir. Je n'ai rien venu venir, la preuve : j'ai dû filer sous la douche, très subtilement (existe-t-il une façon subtile de ce faire ?) pour me raser le pouél des jambes que je laissais pousser depuis un bon moment dans le but, finalement vain, de me le faire épiler. Oui, le rasage de pouél l'hiver, c'est pas top, parce que ma peau est sèche, et ça brûle, je deviens tout irritée. Je sais que vous aimez ça, des détails comme ça sur ma vie.

Bref, tout ça c'est de la faute à mon amie. Miss M, la wild qui a frenché le Colombien, a dit à Monsieur F (appelons-le ainsi): Mon amie repart seule à vélo et j'aime pas ça. Voudrais-tu lui donner un lift ?

Je lui ai répondu, au monsieur : pas obligé. J'habite pas loin et je suis en état de conduire mon vélo. (Histoire de voir s'il allait insister.)

Il n'a rien dit. C'était un impératif  : il allait me reconduire.

Sacre le vélo dans la voiture.

Rendus devant chez moi, je mets ma main sur la poignée de la porte pour l'ouvrir. Il m'embrasse. Non; embrasser, c'est quand on est amoureux. C'est quand on désire ce moment depuis très longtemps. C'est doux et c'est tendre.

Il me frenche, donc.

***

Le lendemain, dans ma cuisine, en sirotant un café au lait, on discute de tout et de rien. Mais surtout de choses personnelles. Il me demande si je crois encore à l'amour. On parle d'amour, de relations, de choses sérieuses, de notre perception de la vie, de l'avenir...

C'était une belle nuit. Un bon moment avec lui. Un moment d'intimité. Plus qu'une baise.

Finalement, je n'ai jamais eu son numéro.

Lui, il a le mien. Il a mon courriel.

Il m'a embrassée, m'a dit «à bientôt», et est disparu dans la grisaille d'un dimanche matin d'automne.

«À bientôt».

Mon cul.

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