Ce matin, je me suis réveillée avec un vague sentiment de nostalgie.
La nostalgie de quand j'ai commencé ce blogue.
La nostalgie de quand j'avais quelque chose à écrire. Avec passion, avec haine, avec sentiments violents.
La nostalgie de ma houleuse et destructrice histoire avec Monsieur Z, qui me hantera, je pense bien, à vie (si tu savais, cher lecteur au singulier, si tu savais).
La nostalgie de l'équation A, car il faut bien le dire, j'ai atteint désormais et depuis un bon bout de temps l'équation B.
Je me sens aujourd'hui sereine et paisible, enveloppée d'une chaleureuse, tendre et amoureuse relation avec Mon Simon, aka Force tranquille.
Comme on le dit souvent, les gens heureux n'ont pas d'histoires.
C'est même pas vrai. J'en ai, des histoires.
J'ai des histoires de bureau. Je pourrais vous parler de mon boss qui m'aime pas (même si je travaille de la maison). Je pourrais vous parler de mon cycle d'ovulation. Je pourrais vous parler de mon amie S, ma best, qui est finalement revenue de son tour du monde et qui a enfanté avec l'homme de sa vie, à quelques rues de chez moi. Je pourrais vous parler des lectures surprenantes que je fais, de mes réflexions de marde, du non-sens de ce que je constate dans la vie, de la série Les Tudor, de mon amour dévorant pour la nourriture, de Mon Simon, de ma nouvelle amie et collègue C, et j'en passe et j'en passe.
Par contre, n'attendez plus de moi le récit de mes fameuses aventures avec les hommes qui donnent pas de nouvelles. J'ai donné, merci.
Mais ce matin, j'ai repensé à un moment extraordinaire dans ma vie. Un tout petit moment de rien du tout, qui est revenu comme une vague chaude du Pacifique me réchauffer l'âme alors que je me réveillais dans la grisaille insipide de cette journée de janvier.
Je ne vous l'ai peut-être jamais dit, mais à l'ère de l'équation A, en 2012, en pleine effervescence de mon amour imaginaire, j'étais partie souffler un peu au Costa Rica et au Panama. J'étais partie deux semaines, avec une cohorte de six jeunes adultes qui venaient de partout dans le monde. On avait commencé notre périple à San Jose pour le terminer à Panama City. Entre-temps, on s'est fait les Antilles, la Cordillère des Andes, et une plage de rêve sur le bord du Pacifique, à Santa Catalina plus précisément, côte ouest du Panama, lieu hautement isolé où seuls se rendent des surfeurs en manque de lieux non envahis par les touristes/hôtels/fast-food.
Que la jungle, la mer, le sable, des hamacs et deux-trois cabanes en bois remplies de geckos et de scorpions.
Et un petit restaurant sous un paillasson.
A marée haute, la mer touchait presque le seuil de notre cabane.
Le village le plus proche se situait à deux heures de route.
Et là, je m'étais mise à flipper.
Et si.
Et si je me faisais piquer par un scorpion ?
Et si je pognais la malaria ?
Et si ces vagues énormes du Pacifique m'emportaient pour toujours?
Et si le Grand Requin Blanc me croquait ?
La nuit je ne dormais pas. Je me mettais en boule, j'écoutais le chant des geckos et j'hallucinais des scorpions grouillant sur mes jambes. Le matin, je faisais l'inventaire de mes piqûres de moustique et calculais rapidement mon ratio piqûres-risque de contracter la malaria.
Et puis une journée, alors que je lisais un livre quelconque allongée sous l'ombre divine des palmiers pendant que le reste de la cohorte, folle et insouciante, s'adonnait à des activités dangereuses, comme faire du surf, un beau Panaméen du coin, d'un âge approximatif entre 19 et 28 ans (impossible à déterminer), m'a offert une noix de coco dans laquelle il avait plongé une paille. Il m'a offert le fruit du lâcher prise.
Je l'ai consommée, heureuse et pâmée, et mon angoisse a peu à peu cédé la place à une légère joie de vivre typiquement «Sud», alimentée par le vue de cette jeune beauté panaméenne, bien décidée à «prendre soin» de moi.
Ce gentleman d'un âge obscur était en fait instructeur de surf. Et là, je me suis dit : Pourquoi pas.
Je suis allée quérir auprès de lui des leçons de surf.
Il m'a appris, sur le sable, à pagayer et à me lever rapidement sur la planche. Après quelques simulations, j'étais prête à affronter ma première vague.
Je n'avais que deux conditions.
1. Qu'on aille à un endroit où j'aurais toujours pied.
2. Qu'il ne m'amène pas dans les grosses vagues, celles qui sont loin derrière.
Je ne m'en suis même pas rendu compte que 10 minutes tard j'étais dans les grosses vagues derrière, là où je n'avais plus pied. Je voyais les vagues foncer sur moi tels des murs d'eau. Avec Beau Panaméen de l'autre côté de la planche, c'était aussi enivrant qu'une rangée de shooter de Tequila.
Je sais que vous ne me croirez pas, mais c'est la pure vérité. Quand la bonne vague est arrivée, je me suis levée d'un coup sur la planche et j'ai surfé sur la vague sur plusieurs mètres, presque que jusqu'à la plage.
C'était si bon, si grisant, si planant.
Moi qui m'étais toujours dit que du surf, je ne ferais jamais ça, moi qui sais à peine nager, qui ai peur dans une piscine:
Je ridais une vague du Pacifique.
C'était si court, mais inoubliable.
Un des ces rares moments où on se trouve parfaitement dans le moment présent, en adéquation avec lui.
J'ai fini par tomber dans l'eau. L'eau était chaude. C'était une chute agréable.
La seule chose que j'ai voulu, en me relevant, endolorie, c'était retourner dans les grosses vagues en arrière, là où je n'avais pas pied. Et recommencer, encore et encore, jusqu'à l'épuisement.
C'est à ça que j'ai pensé, ce matin, en me réveillant dans la grisaille de janvier.
J'ai pensé que ces moments sont rares et qu'il faut s'en souvenir pour toujours, les faire durer dans notre esprit le plus longtemps possible. J'ai voulu retourner dans le passé et faire revivre cette chaude ride dans le Pacifique.
J'y pense, et je me dis que Beau Panaméen est sûrement encore aujourd'hui en train d'offrir ses noix de coco et ses leçons de surf à de jeunes touristes, au soleil, sur sa plage paradisiaque, dans son pays loin là-bas.
Moi, j'aurai consacré ma journée à me souvenir de ce moment-là.
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